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Lerugamine

On n'y croyait plus : EA 2021

Posté le : 12-07-2022 17:09:37

Nos plus plates excuses pour le retard ; une série de contretemps et de problèmes conséquents, c'était soit ça, soit lâcher le reste.

Lerugamine

Re: On n'y croyait plus : EA 2021

Posté le : 12-07-2022 17:09:49

«La serre était immense et semblait s’étendre à perte de vue, bien qu’on devinât aisément entre le ciel nocturne et les hautes feuilles toutes les carreaux de la verrière. Quelques chaudrons fumant apparaissaient entre les plantes. Au centre de la serre – ou tout du moins ce qui semblait l’être – un large espace avait été dégagé et n’y trônait qu’une table rectangulaire. Y trônaient quelques plantes, fioles et cristaux, ainsi qu’une petite fée aux ailes vertes.

- Bonsoir Doux habitants de Vahal, on m’a fait porter d’en haut quelques commandes à vous transmettre, commença-t-elle d’un ton clair. Pour une… Pour vous récompenser, vous voyez, de plein de choses que vous avez pu faire durant l’année…

D’un claquement de doigts, une caisse pleine se matérialisa sur la table.

- Ils voulaient des récompenses donc… Enfin… Je vous ai fait des potions. J’espère que ça vous ira ?

Observant les silhouettes un instant, la petite fée attendit. La lumière se tamisa légèrement, ne restant claire que sur elle et l’espace l’entourant.

- Donc, dans la catégorie de la… De la… Formation spontanée ! J’annonce Anastasija la vampire, cria la petite fée en se tournant vers l’intéressée. Venez… Vous n’allez pas me manger, si ? C’est que… Enfin vous voyez, j’ai d’autres potions à donner après vous.

- Te manger non, mais te boire peut-être, jolie fée d'absinthe. Répondit la vampire, en glissant vers la table.

Elle était vétue d'un long drap noir comme son âme, son visage pâle était couronné d'une crinière léonine tout aussi charbonneuse. Ne manquait plus qu'une faux pour la rendre cadavérique.

- Mais j'ai peur que tu ne sois pas à mon goût, verte libellule.. Vois tu, j'aime mieux... d'autres vins.

Alors elle prit la potion, et se retournant miaula vers l'assistance les quelques mots qui lui venaient. L'on se doit toujours de remercier un présent, même non désiré.

- Chers enfants.. Voilà mes paumes habitées d'une curieuse fiole, je la considère comme un trophée. Formation spontanée dites vous.. Je ne sais guère de quoi vous parlez. Mais si il y avait élection alors je suis satisfaite d'être élue. Voilà des siècles que je terrorise les votre et c'est la première fois que l'on m'en félicite. Vous êtes des personnes de bon... goût.

Grinçant d'un ricanement la vampire repartit, point en volant comme elle le souhaitait, mais en marchant dans la boue comme une paysanne... Sploch Sploch firent ses souliers, mais, un jour, elle volerait.


- Pour la catégorie atomes crochus, enchaîna la petite fée, le couple de l’année est… Markdan et Melzen !

Levant sa pioche pour asséner le coup de grâce à un filon de minerais récalcitrants, Markdan vit un flash lumineux avant de se retrouver dans une étrange serre. Quel maléfice était-ce là et pourquoi tous ces gens le regardaient comme ça ? Entendant son nom sans y prêter attention, le nain chercha une sortie. Il se figea soudainement, au moment même où ses yeux se posèrent sur le lézard. Son cœur jusqu’alors rempli de haine se fit submerger par un tsunami venant du plus profond de ses entrailles, réchauffant son être et son âme. Une étrange pensée lui traversa l’esprit, sa vie n’avait été qu’illusion et tromperie car sa moitié s’était réincarnée en un magnifique dragon, le doute ne subsistait plus en cet instant.
Les secondes silencieuses déchiraient son corps de l’intérieur. Il en était sûr, si Melzen le repoussait, il mourrait sur place car sa vie serait alors dénuée de sens. Priant pour qu’un miracle survienne, il en aurait presque pleuré quand il arriva. Une voix au timbre doux comme le miel chanta pour ses oreilles, le laissant tout chamboulé. Lâchant sa pioche, le regard amoureux et le cœur battant la chamade, il regarda approcher son éil tant-aimé. Une fois celui-ci parvenu jusqu’à lui, il saisit la main que lui tendait le saurien avant de se déclarer :

- Melzen, amour de ma vie, tu es ma raison d’exister en ce monde. Les ténèbres m’ont aveuglés jusqu’à aujourd’hui. Désormais, je n’ai plus peur de le dire, tout les propos haineux que j’ai pu tenir contre toi n’avait que pour objectif d’attirer ton attention. Je t’appartiens maintenant et à jamais.

Quelque chose clochait mais ce n’était pas le moment. La part de lui même criant à la calomnie se retrouva coincée au fond de son subconscient. Car seul l’instant présent comptait. Lui, Melzen, eux et l’amour qui durera pour l’éternité.

Melzen face à lui observait, silencieux. Perdu peut-être, face à cette déclaration d’amour des plus incongrue. La serre autour de lui lui rappelait… Quelque chose. Mais quoi exactement, il ne parvenait à s’en rappeler.

- Je t’aime aussi. Je crois...

Quelle étrange magie qui le poussait à dire cela, en fumée rose et verdie qui s’élevait des différents chaudrons de la pièce.


Sans vraiment en tenir compte, la petite fée reprit la parole.

- Pour le poison… Le poison ? Peut-être que vous n’êtes pas si doux, après tout. Enfin. Le poison de l’année : Markdan Dualore.
Regardant amoureusement Melzen sans pouvoir détacher les yeux de son doux visage, le nain fut distrait par une voix l’appelant à nouveau, alors même qu’il venait de fendre la foule quittant l’espace libre où se tenait la remise des prix accompagné de son aimé. Sans vraiment comprendre le discours de la fée, il avança pour la rejoindre avant de reprendre contact avec la réalité.
Le charme était rompu, il ne ressentait désormais plus rien pour le lézard. Lui, le poison de la ville ? Un choix qui était presque flatteur. Les Vahaliens le haïssait sans raisons valables et le conseil lui mettait des bâtons dans les roues sans pour autant l’assumer., comment réagir sans hostilités dans ces conditions ? Mis à part ces quelques détails, il fallait bien reconnaître que la nomination était justifiée. Sourire moqueur couplée à un regard dédaigneux et supérieur sur l’assemblée, il prononça quelques mots pour l’occasion.

Je souhaite tout d’abord vous remercier pour ce prix inattendu. Cette année fut riche en controverses , prises de bec, injures et violences de toutes sortes pour mon plus grand plaisir et pour votre plus grand malheur.
Je tiens à saluer tout particulièrement Dhedal, en qui j’ai trouvé un ami fiable pour discuter politique anti-elfe. Je remercie également Farya qui a daigné m’accepter lors de cette soirée mémorable à l’As. Si tu es quelque part dans la foule, sache que j’attends toujours une autre invitation. Je n’oublie pas non plus les protecteurs de notre belle cité, tous plus incapables les uns que les autres. Enfin, je tiens à citer Melzen qui est le plus proche du rôle de Némésis à mes yeux.
Tous ces gens ont été des sources d’inspiration à mes yeux et ils continuerons à l’être. Je vais conclure mon discours par ces quelques mots : je compte rester encore de longues années à vous pourrir la vie, faites vous une raison. Encore merci pour cette nomination.


Ponctuant sa déclaration par un crachat significatif, Markdan fendit à nouveau la foule pour avancer vers la sortie.


- Ensuite… Il est des gens qui créent, comme moi. Enfin voilà, presque comme moi. Cette année, c’est un lieu de rassemblement, de débauche et d’ivresse. Ainsi donc… Farya, en Créatrice de merveille pour son As de Trèfle, déclara la fée en lui tendant sa propre bouteille.

À ces mots, un cri de joie sauvage retentit quelque part dans la serre. Puis, jouant des coudes pour se frayer un chemin parmi la foule en laissant des mécontents aux orteils écrasés dans son sillage, une tête coiffée de dreads rouges apparut, et Farya grimpa prestement sur la table où se tenait la fée, le sourire tutoyant les étoiles, manquant écraser un cristal au passage. Elle attrapa la belle récompense en forme de trèfle et, après l’avoir embrassée, la brandit fièrement au-dessus de sa tête en vue des spectateurs.

- OUAIIIIS !! Merci les gars, z’êtes des Vrais !! (Elle pivota vers la fée, lui adressa un clin d'œil et rectifia toutefois en reposant ses turquoises sur les gens.) Fallait bien que j’dévergonde un peu c’bled d’ramollos des braies, héhé. Pis c’est surtout un lieu d’jeux et d’bastons et d’tatou’ avant tout, mais la débauche, pour sûr qu’on a ça, à volonté même ! Une soirée à l’As c’est frisson garanti, qu’importe la méthode ! Déconseillé aux elfettes fragiles et aux fillettes à leur daron ! Mais si vous aimez l’endroit et sa super-taulière, alors vous aimez aussi…

Elle tendit le cou et chercha un instant quelqu’un du regard, qu’elle trouva rapidement et désigna d’un signe enthousiaste de la main.

- MIEL-SAN !! Mon bras droit à la langue bien pendue, l’cerveau du tripot, l’dragon chatoyant qui vous fait tous rêver ! Sans lui, on en s’rait pas là pour sûr, alors hésitez pas à l’féliciter pass’qu’y mérite tout pareil ! Pis merci à mon assistante tatoueuse aussi, j’ai cité Shakal ! (Elle désigna ladite dans l’assemblée.) Et v’nez nombreux si vous avez des tripes, surtout qu’on a tout r’fait en mieux ! (Elle interrogea plus bas la fée en tapotant la potion d’un ongle.) Eh, ça s’boit c’machin-là ?

Sur ces mots, elle exécuta une courbette ridiculement exagérée, envoya un baiser au public et un autre à la présentatrice zélée puis sauta au sol avec son trophée pour se fondre dans la foule. Ce drôle de rêve était si réel et si agréable !


- Concernant la personne la plus aimée des Vahaliens, le prix revient à la très connue et très adorée Melitta, déclara la petite fée d’un ton joyeux, se saisissant de la prochaine fiole-trophée.

Une nouvelle fois, Melitta se trouva transportée dans cette espèce de rêve étrange. Il lui semblait que ce dernier revenait périodiquement, toujours à peu près à la même période. Il s’y passait toujours à peu près la même chose, du moins, dans les grandes lignes, même si le lieu et certaines personnes changeaient. Inévitable vous me direz, puisque les personnes à Vahal changent… Parfois, se contentant de regarder les autres, parfois actrice de ce moment si particulier, qu’elle ne parvenait jamais complètement à comprendre. C’était… comme un rêve éveillé, collectif. Etrange. Mais bon, l’étrange ne faisait-il pas partie de cette seconde vie? Si, il y a des choses qu’ils ne parviendraient jamais à comprendre complètement en ce monde. 

Cette fois, la rouquine se trouvait dans une serre à en croire les verres qu’elle devinait tout autour d’elle et au plafond, malgré la nuit déjà bien avancée. Observant les plantes, elle se fit la réflexion que nombre d’entre elles lui étaient inconnues. Cela n’enlevait rien au charme particulier de l’endroit, cependant. Debout, légèrement en retrait, elle observait la verdure et les Vahaliens qui s’y camouflaient. Elle en connaissait la plupart, presque personnellement, alors que d’autres lui étaient seulement familiers par leur visage croisé au détour d’une ruelle ou autour d’une table à l’auberge. Discrète, la jeune femme adressait cependant un sourire à ceux qu’elle connaissait et qui croisaient son regard. Tout cela était-il bien réel? Ou seulement une farce de son imagination? 

Quoiqu’il en soit, le rêve prit la même tournure que les autres fois. Les Vahaliens étaient récompensés pour tel acte, telle personnalité, tels exploits, et ainsi de suite. Applaudissant poliment ceux qui s’avançaient chercher leur récompense, Melitta attendait simplement que le rêve s’estompe. C’est donc avec sursaut qu’elle entendit prononcer son nom. Zut.. Qu’est-ce qu’elle avait dit la petite fée? La personne la plus aimée des Vahaliens? Haussant un sourcil surpris, elle observa les visages qui se trouvaient à la ronde, avant de quitter, à contrecoeur, presque, l’arbre contre lequel elle s’était appuyée. S’avançant vers la fée, elle chassa les nombreuses pensées qui lui traversaient l’esprit…. La plus aimée des Vahaliens, vraiment? Hum… Surtout la plus utile quand les choses ne se passaient pas bien, non? D’autres mériteraient bien plus ce titre qu’elle. Des Vahaliens plus impliqués dans la vie quotidienne, dans l’avenir de la ville, dans ce qui était important… Elle ne se sentait que peu légitime d’être appelée ainsi. 

Souriante, elle s’approcha de la petite fée pour prendre la récompense que cette dernière lui tendait. Venait aussi le moment de prononcer quelques mots. Mais… que dire? Elle s’éclairçit la gorge quelques secondes.

”Je… Euh… Merci. Je suis très flattée. Et si je puis aider à ce que Vahal reste une ville accueillante et agréable à vivre, je continuerai à le faire.”

Elle eut un petit sourire gêné et observa rapidement les visages qui lui faisaient face avant de retourner d’un pas rapide dans le coin où elle se trouvait avant qu’on ne l’appelle. Maintenant, elle observerait la fin de cette espèce de cérémonie en se demandant s’il s’agissait bien d’un rêve, ou d’autre chose… 


- Concernant le plus beau raté, reprit la petite fée verte, j’ai le plaisir d’appeler Melzen pour… Tentative ratée d’embrouillage du garde Caeren afin de justifier ses manigances et celles de Farya ?

Elle s’interrompit, pensive. Voletant de droite à gauche, elle fronça les sourcils.

- Le tout alors que vous importuniez Riva ? C’est complexe… Venez tous, je pense. Qu’on puisse prendre mesure de la tête de cette explosion-là.

Adossée quelque part non loin de la table, Farya, mi-contrariée mi-amusée par la présentation, y fulgura en marmonnant. Elle grimpa vivement sur le meuble comme précédemment, sans prendre garde aux objets disposés dont une plante qu'elle bouscula et qui oscilla dangereusement. Puis en prenant le public à témoin, elle se mit à expliquer à grands renforts de gestes des bras et d’yeux levés au ciel :

- Nan mais genre "embrouillage" (elle grimaça comme une enfant en répétant le mot), genre "importuner"...! Pfff, tout d'suite les grands mots ! On fait rien qu'égayer c'bled craignos, nous ! Du service public, ouaip ! Pas not' faute si les gonzes d'ici sont rien qu’des p'tites ch-…
… charmantes personnes, dont la compagnie était fort appréciable. intervint Melzen, qui tenait entre ses griffes la plante bousculée. Et il lança vers la rouquine un regard rieusement réprobateur avant de se tourner vers la petite fée verte.

Mais … qu’avez-vous dit ? Tentative ratée ? Sachez que le seul échec ce jour-là était celui de la courtoisie ! Désormais fulminant, l’eïl sortit de sa poche l’arme du crime : une petite brosse ordinaire. Voyez, messires et dames, ce que craignent les gardes et les rousses bouclées. Pour le simple fait de respecter une coutume - ou un gage, mais qu’importe ! - j’ai subi menaces et affronts de la part d’un de ceux censés garantir la bonne entente entre les citoyens !

L’écailleux avait bondi sur la table, agitant la brosse d’une patte vigoureuse. Et il tenait toujours une plante dans son autre patte, comme ne sachant qu’en faire.
- Ils ne comprennent rien à l’art , conclut-il. Et Riva n’était même pas énervée.

Agitant la main comme si elle chassait une poussière, la petite fée marmonna un «Mais oui mais oui.» tout à fait sincère, avant de se retourner aussi sec pour passer à la suite.


- En ce qui est des combats, enchaîna la fée en observant la serre, les plantes et les fumées, il se qui dit que l’an fut calme, et que c’est dans les maux que… Dans les mots que se manifesta l’adversité, d’un duo de petite taille qui pourtant s'échappa de vers ?

Semblant plutôt inquiète à l’idée de faire remonter Markdan et Melzen sur scène, la petite fée s’empressa d’aller verser un petit flacon dans un chaudron, lequel laissa éclater quelques bulles avant de se mettre à déblatérer, premièrement avec la voix de Markdan :

Veux tu cesser espèce de déchet d'éil
Toi qui est si hautain de nous prendre de haut.
Je t'accorde que c'est toutefois inutile
Car nous autres les nains sommes loin d'être sots !

Et je vais te le prouver en utilisant
À mon tour mais de manière exceptionnelle,
Un discours qui est pour nos oreilles crispant
Couplé à ton corps agressant mon visuel


Deux bulles de plus explosèrent, et c’était désormais la voix de Melzen qui emplissait l’air.

Faute de pouvoir répondre à de vrais arguments,
Absents de ton discours, ou dirais-je boniment,
Je vais répondre aux menaces, que j’aime à penser fausses.
Pour de telles incartades, rien de mieux qu’une fosse !

Y mettre d’abord ta haine, sombre, irraisonnée.
Ta rage, n’oublions pas, à vouloir l’exprimer.
Ton orgueil, ton mépris, les y bien enterrer.
Qu’oublié-je, vous autres ? Avez-vous d’autres idées ?


Le silence revint, et la petite fée s’en alla leur fourrer leur potion entre les mains. Puis, revenant sur le devant de la scène, elle reprit.

- Ensuite… Oh j’aime cette partie ! Alors alors… entonna la petite fée, voletant çà et là sous la serre. La plume de diamant brut, une perle à peine née des flots ; Tarl, à l’écriture du regretté Sloth.

Son nom lui résonna à ses oreilles, et, sortant de l’ombre d’où il s’était terré, il s’avança. L’eïl n’en étant plus tant un. L’allure de chauve-souris lui donnait cette nuit l’air du corbeau. Et les taches blanches sur son pelage paraissaient luire d’une douce lueur. Récupérant sa fiole dans un glissement, il la contempla quelques instants, et s’exprima.
« Je visais le fond – ou y enfouissait Sloth–, et aujourd’hui je touche les étoiles, ou du moins cette… potion ? Qu’elle soit constellation. »
Il n’avait pas besoin d’ouvrir la bouche – le bec ? la gueule ? –, car ces mots n’étaient de toute façon pas les siens. Le rêve avait quelque chose d’envoutant ; il ne se rendait pas compte que tout n’était que créations. Et oh… qu’elles étaient belles, toutes ces créations.
« C’est étrange. », continua-t-il. « De se trouver à la place de tant de ces… ces auteurs. Bientôt quatre ans, et ce sont surtout à ces deux dernières que j’ai mis un peu de sens dans mes mots. J’ai joué les esprits torturés, ou plutôt torturé cette âme-ci, que j’ai tant aimé accompagner dans sa quête. J’ai vécu à travers mes textes, et mon miroir s’est incarné à travers les vôtres. »
Pause. 
« Miroir, oui. Je me suis plu à refléter toutes vos âmes, dans des mots que vous ne contrôliez pas. Et j’ai aimé voir mon personnage évoluer dans vos yeux. J’ai tourmenté mon Sloth, et peut-être que certains d’entre vous l’ont assez chéri. Et j’ai expérimenté des choses, que j’espère un jour parvenir à compléter. Merci à vous. Particulièrement à Gunter, qui était sûrement un peu un modèle ; Niniel, pour sa patience, son investissement ; Lerugamine, Ahlem, chez qui les occasions de jeu, rares, étaient d’autant plus bijoux. Et tous ces eïls que j’ai aimé traiter comme une famille – et dont leurs couleurs ont su faire pâlir le mien. Et –  j’en aurai tellement à citer ! –  merci à tout le reste. J’ai aimé participer à vos fresques, et je regrette d’en avoir tant raté. Vous vous sublimez dans vos mots, et vous méritez –  mériterez – tous d’être récompensé. »
Sloth s’arracha une plume, qui s’embrasa sous ses yeux. La flamme se reflétait dans deux yeux qui n’avaient jamais été les siens, semblant prendre une teinte bleu-gris.
« C’était quelque chose, de naviguer parmi ces lumières ; ces mots, ces cris, ces aventures, ces vies. Parmi vous. »
Dans la nuit ambiante, la plume brûla quelques instants. Lorsque, enfin, elle fut consumée, lui n’était plus là.


- Et la plume de diamant poli, murmura la fée dans l’obscurité. Lerugamine.

Deux yeux se firent, immenses et ronds, comme ceux de hiboux gravés sur les ailes des grands papillons. Et Shasha, tremblant d’une rage peine contenue, ou d’une tristesse lui portant les flots au bord des lèvres – grève de falaise –, sortit de son recoin. D’autres silhouettes s’amassaient, en fantômes facétieux qui soufflaient et murmuraient sous le regard trop lourd des ailes. Qui battaient, de plus en plus vite, leur poussière emplissant l’air et couleurs rouges et flammes, violettes et étoiles.
- Merci bien.
Que dire de plus ? Que dire de moins ? Que d’être là à écrire ; écrire pour parler, vivre et hurler lorsque les mots ne s’agencent comme ils le devraient. Une virgule après l’autre, au long d’une phrase sans fin qui rebondit à chaque souffle.
Une nasse de boue où l’on se prend les pieds, et qui nous force à nous arrêter pour observer le ciel, les arbres et les lucioles qui dansent tout autour. À nous effrayer des ombres qui bruissent, et à rire de langues pincées, foireuses, envieuses et grandioses à la fois. Pour ce que chaque pas supplémentaire nous éloigne et nous rapproche.

Ahlem

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Applaudissements

Posté le : 18-07-2022 09:38:19

Dans la serre nocturne, un oiseau blanc observait. Perché sur un muret en retrait de la foule, dans l'ombre d'une feuille immense plongeant à hauteur d'homme, Hibou des Neiges mirait les allées et venues, les attitudes, les éclats. Il s'attendrissait de ce petit monde lui manquant. De ces pépites d'êtres.

Le rideau argenté de ses longs cheveux se plissa. Sous son oreille, apparut une tête à la tignasse éclatée puis un corps menu de sauvageonne. Ahlem avait la hauteur d'une paume. Se tenant à une mèche de crins blancs, elle se dressa pour tenir debout sur l'épaule de son oiseau.
Alors tous deux assistèrent aux moments de gloire de leurs proches. Melzen, Farya, Melitta. Tarl. Un fin sourire avait étiré la pudique figure de Su-Li. Lorsque Leru fut appelée pour le prix sublime, Ahlem tourna vivement la tête sur l'homme nocturne pour y surprendre la joie du regard du marée. Puis contentée du plaisir de son alter ego, la sauvageonne elle-même gonflée de compersion retourna l'attention sur le monde vahalien.

"Ils sont beaux", murmura-t-elle.

Le fin sourire de Su-Li s'agrandit.

"Ils sont fols", approuva-t-il.

Un souffle de rire leur échappa, dans la complicité avec laquelle ils entendaient ces mots. Fols, oui, ces talentueux de l'absurde, ces cocasses bretteurs d'émotions, ces dépeceurs d'âmes ! Folie et beauté étaient de si puissants synonymes.

La cérémonie s'achevait et, ainsi dans l'ombre, ces deux moitié de spectateur félicitaient les acteurs de l'odyssée vahalienne.

Pandanas

Habitué
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Re: Applaudissements

Posté le : 20-08-2022 02:46:43

GG les nominés, avec un mois de retard.

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