Zut ! je ne sais plus...

Introduction

© Guillaume Tavernier

Vous êtes mort. Bon. Y'a pas de quoi en faire toute une histoire. Ca arrive à des gens très bien, vous savez.
- Euh ? La dernière chose dont je me souviens c'est ...
- Oui, oui, je sais, la fureur de la bataille, le bruit des armes heurtées, les cris des agonisants, tout ça, tout ça. Ou peut-être une ruelle sombre, des ombres qui se coulent sans un bruit autour de vous, une lame qui brille l'espace d'un instant à la clarté de la lune, et puis ...
- Euh, pas tout à fait, c'est ...
- Peu importe. Gardez ça pour vous. Les souvenirs, c'est tout ce qui nous reste de notre vie passée.
- Passée ... ?
- Passée ! Allons, mon vieux, il faut vous ressaisir ! On vous a donné une seconde chance !
- Seconde chance ...
- C'est une longue histoire. Un jour, Gaïatanne a réuni Homénone, Kalos, ....
- Gaïatanne ? Homénone ? Kalos ?
- Gaïatanne est la mamma, la mère de tous les dieux ; Homénone est son fi-fils chéri, dieu du Soleil et de la Lumière. Kalos est le dieu du Feu.
- Connais pas tous ces gens ... chez moi le dieu du Feu, c'est ...
- Ne faites pas l'enfant. Les dieux sont les dieux, quel que soit le nom dont on les décore.
- Ah ? Vu comme ça ...
- Bref. Gaïatanne, donc, a réuni tous les dieux, et a tapé de son poing matriarcal sur la table. "Non-mais-je-REEEVE !" a-t-elle explosé. "On vous laisse deux minutes et c'est la foire ? C'est quoi toutes ces guerres, là ? Si j'avais voulu que les hommes, les nains, les elfes, et toutes les autres créatures se foutent la gueule tout le temps, j'aurais enfanté un dieu de la guerre, nom de nom !". Inutile de vous dire que tous les dieux rassemblés contemplaient leurs divines chaussures.
- Ca bardait, en somme.
- C'est comme vous dites. Quand la maternelle fureur fut un peu calmée, on chercha une solution. Et on finit par décider qu'on réincarnerait les âmes des morts dans un nouveau monde, qu'on nommerait Edenya.
- Ah ... et alors du coup tout le monde il vit en paix dans la compréhension mutuelle et le respect de l'autre ?
- Euh ... plus ou moins. Enfin on essaie, ici à Vahal, en tous cas.
- Oh. Je peux mener ma nouvelle vie comme je l'entends alors ?
- Oui, oui. Secouez-vous, mon vieux ! Vous n'allez pas donner en spectacle sur la grand-place dans le plus simple appareil toute la journée. Allez, v'nez. J'vous emmène faire un tour au tailleur. Et pis on ira boire un coup pour fêter votre Seconde Chance.